Pourquoi les industriels français sont freinés dans le déploiement de projets 4.0
Où en est le déploiement de l’industrie 4.0 en France ? 4 min de lecture L’industrie 4.0, que nous avons déjà explorée en détail dans cet article précédent sur les concepts et les technologies clés, continue de susciter de nombreuses discussions parmi les industriels français. Bien que l’adoption de la numérisation et de l’automatisation des procédés progresse, il reste encore des obstacles à surmonter pour atteindre un déploiement généralisé. Le baromètre 2024 de Wavestone sur l’industrie 4.0 révèle des avancées, mais aussi des retards, soulignant la nécessité d’investissements accrus dans les infrastructures et les compétences. Dans cet article, nous décryptons les principaux enseignements de ce rapport. Un retard persistant dans les infrastructures informatiques D’après le baromètre de Wavestone, les entreprises industrielles en France peinent à moderniser leurs infrastructures informatiques, élément clé pour la réussite de l’industrie 4.0. Selon l’étude, 79% des entreprises interrogées jugent leur infrastructure actuelle incapable de supporter de nouveaux projets liés à l’industrie 4.0. Parmi elles, 56% estiment qu’il est nécessaire de procéder à des mises à jour mineures ou majeures, tandis que 23% font état de systèmes obsolètes. Olivier Fontanille, associé chez Wavestone, souligne que cette situation reflète un besoin urgent d’investissements dans les infrastructures industrielles, couvrant des aspects essentiels comme la connectivité des équipements, la cybersécurité, et la capacité des serveurs. Sans ces investissements, il sera difficile pour les entreprises de tirer parti des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle et le métavers industriel. La gestion des systèmes d’information d’exploitation en difficulté L’un des principaux défis auxquels font face les industriels français concerne la gestion des systèmes d’information d’exploitation, tels que les Manufacturing Execution Systems (MES). Selon le baromètre, la maîtrise de ces systèmes a diminué de 14% par rapport à l’année précédente. Cette baisse est liée à l’émergence de nouveaux cas d’usage dans des domaines comme l’intelligence artificielle, qui nécessitent des mises à jour des systèmes d’exécution. Cependant, le renouvellement des infrastructures et des logiciels représente un investissement conséquent, difficile à justifier pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Le rôle des financements publics Les programmes de financement publics se sont principalement concentrés sur la robotisation des usines, laissant de côté la partie applicative des technologies industrielles. Pour combler ce retard, il est essentiel que les pouvoirs publics élargissent ces financements aux logiciels de gestion et de traitement des données, sans lesquels l’industrie 4.0 ne peut fonctionner pleinement. Des progrès dans l’exploitation des données Si les infrastructures et les systèmes d’information posent encore problème, il y a néanmoins des avancées encourageantes du côté de la gestion des données. Le rapport de Wavestone révèle que 77% des entreprises interrogées se disent compétentes en matière de gestion des données, soit une augmentation de 24% par rapport à l’année précédente. Les entreprises commencent à comprendre que la donnée est au cœur de l’industrie 4.0. De nombreux industriels ont d’ailleurs adopté des outils qui permettent à leurs équipes de suivre les taux de rendement synthétique (TRS) et les taux de rebuts directement via leurs smartphones, améliorant ainsi le suivi de la production et la gestion des processus. Les freins à l’exploitation complète des données Cependant, aller plus loin nécessitera des investissements dans des infrastructures adaptées et surtout des compétences en data et intelligence artificielle (IA). Le manque de culture et de compétences dans ces domaines est cité comme le principal frein à l’adoption des nouvelles technologies, suivi par la difficulté d’accès aux données et la mauvaise qualité de celles-ci. Pour pallier ces problèmes, les entreprises devront former leurs équipes ou recruter des talents spécialisés capables de manipuler et d’interpréter des données complexes pour optimiser les processus de production. L’impact du contexte économique sur l’industrie 4.0 La conjoncture économique actuelle joue également un rôle déterminant dans la vitesse de déploiement des projets liés à l’industrie 4.0. En période d’incertitude, les industriels se montrent plus prudents et cherchent à maximiser le retour sur investissement (ROI) de chaque dépense. Selon le baromètre de Wavestone, 22% des répondants affirment que les projets d’industrie 4.0 ont été ralentis par la situation économique, tandis que 25% ont accéléré leur mise en œuvre pour maximiser leurs bénéfices. Cet écart peut s’expliquer par une approche plus sélective : les entreprises choisissent d’investir uniquement dans les technologies qui promettent un ROI rapide, comme les solutions d’optimisation énergétique ou de réduction des émissions carbone. Déploiement des solutions énergétiques et de décarbonation Les solutions dédiées au pilotage de la consommation énergétique ont connu une forte croissance en 2024, avec 69% des répondants ayant adopté ces technologies, contre 45% pour les solutions de gestion des émissions carbone. Ces évolutions sont en partie motivées par la nécessité de répondre aux réglementations de décarbonation et aux contraintes économiques, qui poussent les entreprises à économiser sur leurs coûts énergétiques. Conclusion : un chemin encore long, mais des progrès notables Le déploiement de l’industrie 4.0 en France progresse, mais de nombreux défis demeurent. Si l’exploitation des données s’améliore, les entreprises doivent encore investir dans la modernisation de leurs infrastructures informatiques et la formation de leurs équipes pour tirer pleinement parti des opportunités offertes par ces nouvelles technologies. Les financements publics joueront également un rôle clé pour rendre ces innovations accessibles, notamment aux PME et ETI, souvent freinées par les coûts élevés. Pour en savoir plus sur les fondements de l’industrie 4.0 et comment ces technologies peuvent transformer votre production, consultez notre article précédent. Nous contacter
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